ven 19 avril 2024 - 11:04

Trouver sa voie

Étudiant internet, le sociologue Gérald Bronner nous révèle de sombres besoins de l’âme humaine, repérés et exploités par les pondeurs d’algorithmes. La franc-maçonnerie nous guide face à ces dangers.

Vieil apprenti, j’ai toujours envie de me connaître mieux et, ça tombe bien, la curiosité est mon moteur. Aussi je me jette en priorité sur les bouquins qui annoncent des avancées de l’une ou l’autre science qui étudie l’humain, plutôt qu’avaler une de ces fictions aux ressorts mille fois répétés et prévisibles, au point qu’on peut en soupçonner beaucoup d’être pondues par un algorithme. Bon, toute école a droit à sa récré, donc une petite série est bien venue pour détendre les neurones endoloris.

L’autre jour, nous nous sommes dit avec ma tendre qu’il serait chouette de regarder une série qui ne se vautre pas dans la naïveté fleur bleue, mais qui évite aussi les trop fréquents torrents de violence, de sexe et de drogue. Eh bien, ce ne fut pas chose facile.

Et nous voilà devant les deux pentes naturelles de l’humain telles que Gérald Bronner nous les dépeint dans son magistral « Apocalypse cognitive », assorties de démonstrations irréfutables appuyées par les neurosciences et les innombrables traces que nous laissons sur internet. Véritable miroir maçonnique, on y trouve la preuve que nous nous mentons alors même qu’un anonymat inviolable nous protège ( dans un sondage anonyme, nous serions tous grands consommateurs de documentaires sur Arte…) .

La première pente dangereuse qui nous menace, c’est la naïveté, sous toutes ses formes, qui incluent souvent un déni partiel de la réalité et/ou une idéalisation. Il s’est toujours trouvé des penseurs ou idéologues affirmant qu’il n’y YAKA faire une ou deux simples choses et tous les problèmes seraient réglés.

Déjà, à la suite des philosophes antiques, on a pu penser que l’éducation suffirait à sortir l’humanité de l’ornière obscurantiste, or nous voyons, aux côtés d’une présence médiatique en hausse des religions classiques, une explosion de croyances et complotismes comme jamais. Le mythe rousseauiste du bon sauvage nous pousse dans des utopies telles qu’un retour à la nature, assorti d’un rejet complet des sciences et technologies, et ce malgré l’échec de toutes les tentatives de communautés hippies ou anarchistes. Les promesses d’un homme nouveau en une génération, au 20e siècle, se sont terminées dans un bain de sang idéologique.

Force nous est de l’admettre : l’humain est un animal très sombre, qui résiste très peu aux tentations et tombe vite dans l’addiction. Voilà donc le deuxième versant pentu et glissant de notre nature : un cortège d’addictions morbides, à la nourriture, à la pornographie, à l’abus de pouvoir sur ses congénères, dont ceux en position plus fragile (enfants, femmes, pauvres, minorités…).

Les algorithmes d’internet ont compris tout ça, et leur efficacité est décuplée grâce au Big Data qui leur a permis de personnaliser les messages à chaque internaute. On observe des chutes du niveau des enfants dans leurs études, alors que jamais on n’a eu tant de loisirs, de sources d’information, de temps (de cerveau) libre…c’est parce que les « sucreries cognitives » proposées sur nos écrans sont trop tentantes.

Alors, que faire ? Ben pardi, appliquer les recettes maçonniques !

Il faut commencer par se connaître soi-même, faire une liste de ses envies conscientes et plus cachées (phobies, indignations, envies de vengeance par exemple), s’interroger sans juger sur leur pourquoi …et ne pas juger ses sœurs et frères, nous baignons tous dans la même mélasse.

Ensuite, allons-y pour une petite métaphore montagnarde : l’initiation, c’est suivre un chemin de crête. Nous en avons tous suivi : c’est à 360° qu’on profite le mieux de toute la beauté du monde, on respire un air pur, on sent le vent sur son visage. Aurions alors gravi la pyramide de Maslow ?

Mais il faut faire gaffe à ne pas glisser sur l’une ni sur l’autre des deux pentes : on risque de ne pouvoir se rattraper.

Tomber dans la mièvrerie ? Il faut savoir que notre cerveau, qui consomme du glucose, a aussi besoin d’un peu de ces sucreries que sont les récits porteurs de sens, même s’ils sont connus comme les mythes et légendes. L’enfant construit son empathie et sa capacité de recul à l’écoute des histoires d’avant-dodo. L’enfant toujours présent en nous sera heureux de profiter d’une fiction porteuse de valeurs, et l’adulte en nous s’en trouvera renforcé.

Céder à notre côté ténébreux ? Connais ton ennemi si tu veux le contrôler. Saint Michel terrasse le dragon, mais ne l’élimine pas. Qui sait, l’agressivité qui a permis à notre espèce de survivre pourra peut-être encore nous servir ?

Comprendre nos faiblesses, les risques d’addiction, et leur origine, c’est en somme  repérer et baliser le terrain avant de s’y engager. Ensuite, il faut avancer prudemment, on ne naît pas chamois, on doit apprendre. Si on est plusieurs, on peut fraternellement s’encorder, cela réduit les risques.

L’humanité fait face à une réelle menace, mais nous avons des outils : sachons nous en servir (mais sans idéalisme béat) !

Et vous, qu’en pensez-vous ?

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Patrick Van Denhove
Patrick Van Denhovehttps://www.lebandeau.net
Après une carrière bien remplie d'ingénieur dans le secteur de l'énergie, je peux enfin me consacrer aux sciences humaines ! Heureux en franc-maçonnerie, mon moteur est la curiosité, et le doute mon garde-fou.
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